Elizabeth P.

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22 septembre 2021

Magdalena a 14 ans quand sa mère disparaît sans plus donner signe de vie.
Elle deviendra actrice de théâtre renommée, avec une prédilection pour Antigone.
Trente ans après, un appel de son agent lui apprend que sa mère est retrouvée.
Aussitôt, elle se rend à l'adresse, une maison d'éclusier où sa mère mutique vit seule et misérable.
Une lente et douloureuse reconquête de deux êtres déchirés.
A part une seule petite déception avec « Manifesto », j'aime les romans de Leonor de Recondo.
Sa plume est douce et poétique.
Ses personnages sont beaux.
Ici, tant Magdalena que sa mère Appolonia, sont de belles personnes, les blessures de l'une ayant entraîné les blessures de l'autre.
Des événements passés ne sont pas très expliqués, entraînant peut-être la frustration de certains lecteurs, mais leur suggestion m'a suffi.
On comprend le refuge de Magdalena dans les personnages qu'elle interprétés et celui d'Appolonia dans le silence.
Tout est doux, mélancolique,  tendre et dramatique à la fois dans ces retrouvailles inespérées.
On se sent intime et proches de ces deux femmes.
Il y a une grande violence aussi dans ces silences et ces non-dits.
Il y a vraiment un avant et un après dans cette belle histoire qui m'a beaucoup émue.

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22 septembre 2021

Max La Corre, ancien champion de boxe est chauffeur du maire d'une ville de Bretagne.
Quand sa fille Laura revient vivre près de lui, il demande au maire de l'aider à trouver un logement.
C'est le début d'un engrenage.
L'auteur nous rend spectateurs d'une histoire d'emprise et nous assistons, hypnotisés, à la déclaration que fait Laura à la police, aux arrangements de gens influents, à la manipulation.
Le procédé est un peu le même que dans « Article 353 du code pénal »
Laura, comme Martial, font une déposition.
Le sujet est d'actualité bien que datant de la nuit des temps : un personnage abusé, domination/soumission.
C'est un livre noir à l'ambiance pesante.
J'ai eu un peu de mal à entrer dedans.
Longueurs des phrases pas toujours claires et nécessitant une relecture.
Tout en admirant cette belle écriture et ces tournures de phrases, elles m'ont étouffée, presque asphyxiée (bon, d'accord, j'exagère un peu).

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17 septembre 2021

Le père de Sorj Chalandon est mort en 2014.
En 2020, grâce à un ami, il a accès au dossier de son procès , conservé à la Cour de justice de Lille.
C'est la sidération.
Et voilà le déclic d'un nouveau roman.
Il replace sa découverte dans le contexte du procès de Klaus Barbie, en 1987.
Ce père, qui avait donné sa version quasi héroïque de sa participation à la dernière guerre mondiale, était en fait un opportuniste, traître, un collabo.
Il fait revivre son père dont il tente désespérément d'obtenir la vérité, d'entendre enfin les mots vrais.
Mais ce mythomane indécrottable n'en fera rien, laissant son fils à son désarroi.
C'est toujours une attente, un nouveau livre de Sorj Chalandon.
Toujours une valeur sûre.
Sa vie entière aura été marquée par ce père fou, fabulateur, délirant, destructeur.
Du Petit Bonzi à Profession du Père à Enfant de salaud, on ne peut que ressentir l’impact persistant des blessures indélébiles et de la force de caractère pour sortir indemne de l'emprise d'un père détraqué , toujours à la limite de la démence.
Le plus dur à accepter n'est pas que ce père ait été un salaud pendant la guerre, mais qu'il ait été un salaud en tant que père .
Bonzi, Emile, Sorj...... c'est toujours le même cri, la même douleur, la même incompréhension, le même amour.
Pour un père à qui toujours, malgré tout, il aura tendu la main.
Décidément, chaque livre de Sorj Chalandon me bouleverse.

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15 septembre 2021

A peine le livre refermé, j'ai envie de le prolonger en parlant d'elle.
Lili.
Lili la blessée, la fragile, la trahie, l'incomprise, la si sensible........
Lili est sa colère.
Lili et son Hector de mari.
Lili et ses trois enfants qu'elle aime tant mais si mal.
Lili et sa traîtresse de sœur
Lili et sa mère.
Lili et ses amis d'HP
Lili et la Corse.
J'ai été littéralement emportée et bouleversée par cette femme.
Par l'écriture de la petite fille de Lili qui n'a pas connue sa grand-mère mais qui est pleine d'amour.
Le tout dernier paragraphe m'a fait monter les larmes aux yeux.
Quelles belles personnes que ces deux Philippa !
Quelle belle histoire de femmes et de transmission !

Prix Femina 2021, Prix Goncourt des lycéens 2021, Prix Landerneau 2021

Stock

18,50
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14 septembre 2021

Dans les Cévennes vit une famille heureuse avec deux enfants.
Le troisième vient au monde et au bout de quelques mois, il semble qu'il ne voit pas.
Corps mou, regard vide.
Après auscultation, il s'avère que son cerveau ne fonctionne pas, qu'il ne marchera pas, ne parlera pas, ne verra pas.........
L'histoire de cet enfant est racontée par l’aîné, puis par la cadette, puis par le dernier, né après la mort de l'enfant handicapé, à l'âge de dix ans.
Elle est racontée aussi par les pierres, nombreuses en Cévennes, qui voient tout ce que vit cette famille.
La nature est d'ailleurs un personnage à part entière.
Face à cet enfant, chacun va s'adapter.
Chacun à sa manière.
L'aîné, omniprésent, tendre, protecteur, enveloppant.
La cadette, révoltée.
Le dernier cherchant partout des traces de la vie de l'enfant disparu.
L'atmosphère est belle, très belle, de part la nature environnante.
De part l'amour pour cet enfant aussi, et de l'amour qui règne dans cette famille..
Mais elle est lourde aussi.
Si lourde et oppressante.
J'avais déjà ressent cette ambiance pesante dans « La passion selon Juette »
« S'adapter » n'est pas une histoire simple.
C'est une histoire difficile sur un sujet sensible
Une histoire qui se lit lentement, anxieusement
Clara Dupont-Monot écrit admirablement bien et réussit parfaitement à embarquer le lecteur dans ses histoires.