Zona frigida

Anne B. Radge

"éditions Balland"

  • Conseillé par
    3 mai 2016

    Bea...35 ans, caricaturiste, célibataire, grosse consommatrice de cigarettes, d'alcools et d'hommes, attachée seulement à Andersen, sa perruche mâle...
    Bea qui, à la surprise de tous, décide de faire une croisière vers le Spitzberg. Pour voir des morses, des ours polaires ? Pour se ressourcer ? Se reposer ? Changer de vie ? En finir en se jetant dans les eaux glaciales de l'océan arctique ?
    En fait, Bea a un plan, elle ne s'embarque pas par hasard sur l'Ewa, le bateau qui doit la promener dans les eaux polaires avec ses compagnons de voyage aussi divers que variés. Mais les trésors de la nature norvégienne pourraient bien la détourner de son projet...

    La quatrième de couverture parle d'un "huis clos haletant''...Non, il faut savoir raison garder. Il y a bien une once de mystère puisqu'on ne sait rien des raisons qui ont poussé Bea à partir pour le Spitzberg, dans cette contrée hostile, cette ''zona frigida'' où le froid peut tuer aussi sûrement qu'une balle. Mais il n'y a rien de haletant dans ce périple au gré des glaces de l'océan arctique. Ce serait plutôt une belle balade touristique, prétexte à la découverte d'une région sauvage, préservée et cruelle : la faune, la flore, la glace, la tempête, la lutte pour la survie, la mort et l'empreinte de l'homme qui, lui, ne tue pas pour manger. Dans ce grand décor blanc, les passagers du bateau sont finalement peu de chose. Des drames se nouent, des liaisons aussi. La promiscuité incite au rapprochement. On saura pourquoi Bea est là, pourquoi elle boit trop, pourquoi elle ne peut s'attacher à personne. Mais on s'en moque un peu tout compte fait. Ce qui nous a plu c'est d'avoir croisé des phoques, des morses, des fulmars boréals, des ours, c'est d'avoir contemplé la mer prise par les glaces, les montagnes et les côtes sauvages de ce territoire infini et inexploré. Merci pour ce merveilleux voyage !


  • Conseillé par
    18 mars 2011

    Blanc comme neige ?

    Le moins que l'on puisse dire est que je suis loin d'être un grand lecteur d'auteurs norvégiens, ni scandinaves non plus ! Un seul, il me semble, figure dans ce blog ! Cette romancière qui est très connue a été couronnée du prix Riksmål.
    Sa « Trilogie de Neshov »a été traduite en une quinzaine de langues.
    Une femelle phoque voit une forme jetée d'un bateau et couler.....cela ne la trouble pas plus que ça !
    Bea décide de partir en croisière dans le grand nord au fin fond du Spitzberg, un endroit nommé « Svalbard » (dite Zona frigida). Quelle idée farfelue semble lui dire ses amies ou ex-amants ! Sur le ton de la plaisanterie, elle rétorque que les taxes sur l'alcool étant très basses, elle pourra boire tout son saoul !
    Par de petites phrases, on devine qu'elle a, bien sûr, un autre but, moins avouable celui là !
    Et là on se doute bien que ce n'est pas une version nordique de « La croisière s'amuse » !


    Les personnages se mettent en place, onze passagers et neuf membres d'équipage....La première étape est Barentsburg où vit d'une manière misérable une forte communauté russe. Puis en route vers Ny-Ålesund, les passagers regardent un film le soir, Bea visite le bateau en compagnie de Georg, un des membres de l'équipage. Un incident assez vif à propos d'un phoque tué oppose celui-ci à Dana, une italienne. Deux conceptions de la vie qui s'affrontent, la citadine et l'homme habitué à vivre dans une nature hostile. Car la faune est partout présente, surtout un nombre très important d'ours relativement dangereux car affamés. Les passagers vont prendre position pour l'un ou pour l'autre des deux camps et l'ambiance du voyage s'en trouve changée. Et la barrière de la langue n'arrange pas forcément les choses. Suite à un incident qui aurait pu avoir des conséquences tragiques, Bea obtient des autres passagers que, quoiqu'il puisse arriver, même la mort d'un des occupants du bateau, le voyage aille à son terme.
    Et la croisière continue, la mort est présente, le bateau croise un ours blessé, les autorités refusent à l'équipage la permission de l'abattre, il mourra noyé....
    Dans le huis-clos du bateau, des relations amoureuses se nouent et très vite ; tout se sait et certaines personnes sortent de la mauvaise porte.....
    Bref.....la croisière ne va pas tarder à prendre l'eau....
    Bea, dessinatrice et caricaturiste, semble être d'ailleurs sa propre caricature ! L'auteur n'en fait pas un personnage attachant. Elle semble être une femme libérée, mais prisonnière d'elle même et de ses démons qu'elle noie dans des flots d'alcool...Quel est son mystère?
    Les membres d'équipage, dont Georg, sont là pour leur travail, ils connaissent la nature peu clémente et bien évidement sont plutôt rudes dans leurs manières.
    Les passagers, les inévitables touristes, deux français et trois japonais dont la femme est une star dans son pays, et les autres, son manager et son avocat! Mais au fin fond de la Norvège, personne ne la connaît ! Elle peut tranquillement regarder un renne. Un certain mystère entoure les relations entre Frikk le jeune garçon et Turid, femme âgée qui l'accompagne. Oscar un américain d'un certain âge est aussi du voyage...chacun a ses raisons.
    L' ambiguïté du titre est renforcée par certaines remarques de Bea envers elle-même et ses relations amoureuses !
    Un roman qui commence très lentement, d'une manière relativement classique. L'ambiance de ce livre est très particulière avec le grand nord en toile de fond et le dépaysement est garanti avec aussi un regard particulier sur la faune locale, très instructif.