Am Fred B.

11,40
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9 octobre 2023

Petits poèmes, grande poésie

De Carver, on connait surtout les nouvelles, celles qui ont inspiré le film Shortcuts par exemple. De petits récits qui, l’air de rien, distillent l’absurde et la mélancolie avec une grande maitrise … et humour ! Ce qu’on nomme parfois le minimalisme. Or Carver a commencé sa carrière par la poésie, et il a publié une dizaine de recueils – pas tous traduits en français malheureusement.
Des querelles de couple à une après-midi de chasse à la bernache, c’est le même réalisme, la même familiarité que dans la prose. Mais la poésie donne aux petits drames ordinaires une grande intensité. Elle se libère du récit, s’autorise l’ellipse, l’implicite. Elle va à l’essentiel. Vous n’oublierez pas cette voix au lyrisme retenu.
Et si on voulait lui trouver un cousin en autodérision, en mélancolie vagabonde, ce pourrait être Jim Harrison, dont les poèmes méritent d’être (re)découverts aussi !

Frédéric

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9 octobre 2023

Ouvrir la boîte noire

Beaucoup d'essais aujourd'hui abordent la question du travail. C'est sous l'angle des salaires que l'aborde Baptiste Mylondo, et il s'agit pour lui d'une " Boîte de Pandore ». De fait, il est parfois délicat d’ouvrir cette boîte, particulièrement en France où le sujet est souvent tabou ou conflictuel. Raison de plus pour se pencher dessus : cela paraît fondamental si on veut réfléchir sur la justice sociale et réformer la société.
Qu’est-ce qu’un salaire juste ? Qui devrait gagner plus ? Qui gagne trop ? Toutes les professions sont-elles utiles ? Et la pénibilité au travail ? … Sur toutes ces questions complexes et brûlantes, l’auteur propose une réflexion qui avance pas à pas, en courts chapitres lumineux. Au croisement de l’économie, de la politique et de la morale, le salaire est une belle boîte de Pandore … qu’il faut continuer à explorer courageusement.

Frédéric

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9 septembre 2023

La mémoire neuve

La mémoire neuve
Si le terme « Mémorial » vous semble un peu solennel, n’ayez pas peur. À soixante ans, Pablo Neruda se retourne sur son chemin, tout simplement. Soixante ans, ce n’est vraiment pas vieux, surtout lorsqu’on s’appelle Neruda, dont l’existence aventureuse n’a pas entamé une force de vie extraordinaire. Cela vient parfois de loin : la mère disparue dans sa toute petite enfance, les premiers émois amoureux, puis les lieux chéris, les exils et les périples, les compagnonnages politiques – et bien sûr les femmes. Il s’agit pour lui de se rappeler, de faire revivre, ce qu’il accomplit à merveille car il sait varier les tons, faire ample ou plus léger, trouver la métaphore singulière mais juste. Entre mélancolie et interrogation, ce que cherche le poète c’est, peut-être, déchiffrer un peu ce grand mystère : le destin d’un être humain.
Avec ses vers libres et naturels, avec ses images qui fleurissent, et cette vitalité toujours renouvelée, ce recueil est un enchantement.
Frédéric

8,00
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6 juillet 2023

"Nous vivons dans un monde où la sentence a déjà été rendue."

Histoire de hontes. "Pourquoi, moi qui ai accordé tant d'importance au sentiment de la honte dans les processus de l'assujettissement et de la subjectivation, n'ai-je à peu près rien écrit sur la honte sociale?" Après la mort de son père, l'écrivain retourne sur les lieux de son enfance. Trente ans après son départ à Paris pour vivre son homosexualité et faire des études de philosophie, il revient sur tout ce qui le sépare de sa famille, mais aussi tout ce qui leur est commun malgré lui : l'expérience de la pauvreté, de l'exclusion et de la violence. Dans ce récit personnel, le sociologue scrute les parcours heurtés de ses parents et de ses frères ; il cherche à comprendre les mécanismes de son émancipation sexuelle, scolaire, intellectuelle, politique et sociale. "Pourquoi un certain nombre de gens sont-ils voués à la haine des autres ? Pourquoi certaines catégories de la population - gays, lesbiennes, transsexuels, ou Juifs, Noirs, etc. - doivent-elles porter le fardeau de ces malédictions sociales et culturelles ?" La sociologie, "c'est quoi ça ? C'est sur la société ?". Anne-Marie

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3 juillet 2023

"Rien où poser sa tête"

Un lieu à soi. Voilà ce que l'autrice cherche dans ce temps inverse de la nuit, propice à l'abandon le plus délicieux comme au questionnement le plus fou. Dans ce journal d'insomnies, l'écrivaine, qui a perdu le sommeil et l'insouciance à la naissance de son premier enfant, explore avec humour et profondeur les solutions pratiques et les conditions de son inquiétude primordiale. Car dans cette forêt obscure se réveillent les fantômes du passé familial, les peurs intimes englouties et les angoisses de toute une société. C'est dans ce temps enfin libre de toute tâche que peuvent nous solliciter tous les démons de l'incertitude humaine. Mais c'est là aussi que naissent les rêves. "Peut-être veillons-nous parce que nous sentons malgré tout que nous ne sommes pas seuls." Et c'est parce qu'il est sombre que les veilleurs peuvent créer l'avenir. Anne-Marie