Am Fred B.

Conseillé par
2 novembre 2023

Eclats de splendeur

Après un recueil « Ciel de nuit blessé par balles » et un roman « Un bref instant de splendeur » qui ont fait date, Ocean Vuong continue à tisser les fils du passé et de la filiation, de l'amour, du sens de la vie. Dédié à sa mère, le recueil embrasse les temps, les vies, avec virtuosité - qui ne rime pas avec superficialité. Vuong a été qualifié de "jeune prodige" aux États-Unis : faire le portrait de sa mère à partir d'un historique d'achats sur internet, c'est audacieux, et ça prend sens. On lit d'une traite, pris tour à tour par un lyrisme déchirant et un grand sens du récit, ébloui par des images déroutantes, troublé par des situations crues.
Avec Vuong, tout se transfigure vers le sublime, ou tout vire en pathétique : c'est selon. Un œuf dans une poêle ou l'after-shave du père sont des preuves minuscules de la beauté du monde, malgré tout. Le temps s'arrête, comme une balle en plein vol : et c'est l'écriture qui la fixe, qui rembobine même.
Frédéric

Guérir du ressentiment

Folio

8,90
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2 novembre 2023

L'amer, la mère, la mer / Soigner, éduquer, gouverner ... créer

"Être incapable de résister à soi-même, voilà où aboutit le manque d'éducation dans le choix de ses tristesses." ( E. Cioran)
A l'heure où l'accélération des moyens de communication survalorise l'émotionnel et le ressenti individualiste, le ressentiment et la pulsion de vengeance viennent se nourrir dans la rumination des réactions de haine. Guérir de l'amertume dans les sociétés consuméristes, c'est apprendre à assumer à la fois sa finitude et sa part de responsabilité. C'est aussi, nous dit la philosophe et psychanalyste dans cette synthèse très personnelle de ses recherches sur les pathologies de la démocratie et les ressources des humanités, apprendre à retrouver le chemin de la patience et de l'action, de l'émerveillement et de la création, de l'humour et de l'ouverture à l'autre. "Inutile de se croire tragique, il suffit d'être sérieux." (V. Jankélévitch)
Anne-Marie

Donner la vie et changer le monde

Jean Birnbaum

Seuil

17,50
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27 octobre 2023

"Oui, la vie est une survie dont l'enfant se porte garant."

Comment changer le monde sans lui donner des enfants ? Devenu père d'un troisième enfant, l'auteur s'interroge sur son obsession de l'enfance, et sur la gêne qu'elle inspire aux intellectuels et militants qui constituent son entourage. Contemplant les gestes gracieux et les regards intenses de sa fille, riant des mots d'enfants si justes de ses grands, il médite sur le pouvoir de la transmission et l'exercice d'humanité qu'instaure la parentalité. Par les lectures et les souvenirs personnels, l'écrivain nourrit cet essai très personnel de questions sur la valeur de l'enfance comme source d'espoir, pratique du courage et de la fraternité, malgré et contre tout. Comme si chaque nouvelle naissance était une promesse de révolution. Anne-Marie

La manipulation de masse dans le monde contemporain

Flammarion

12,00
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23 octobre 2023

"La propagande, c'est la guerre poursuivie par d'autres moyens." (J.-M. Domenach).

Vous associez le mot "propagande" aux régimes totalitaires ? Vous pensez que ces techniques de manipulation se limitent au domaine politique ? Vous croyez qu'elles visent à modifier l'opinion ? Qu'elles sont le mal absolu ? Qu'elles ne touchent que des personnes peu éduquées ? Cette synthèse historique claire et précise vous éclairera sur l'évolution de ces méthodes de communication, nées dans la guerre, mais filles de la démocratie, qui répondent aux besoins des gouvernants de créer l'opinion, du capitalisme de créer des consommateurs, des individus d'adhérer à des réponses rassurantes. En reliant l'analyse des faits aux biais cognitifs exploités par les différentes technologies, l'historien met en garde sur "la fabrique du dissentiment" et les risques sur les démocraties que fait peser la réduction de l'information et de l'attention à un marché totalement dérégulé et en pleine mutation. Anne-Marie

11,40
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9 octobre 2023

Petits poèmes, grande poésie

De Carver, on connait surtout les nouvelles, celles qui ont inspiré le film Shortcuts par exemple. De petits récits qui, l’air de rien, distillent l’absurde et la mélancolie avec une grande maitrise … et humour ! Ce qu’on nomme parfois le minimalisme. Or Carver a commencé sa carrière par la poésie, et il a publié une dizaine de recueils – pas tous traduits en français malheureusement.
Des querelles de couple à une après-midi de chasse à la bernache, c’est le même réalisme, la même familiarité que dans la prose. Mais la poésie donne aux petits drames ordinaires une grande intensité. Elle se libère du récit, s’autorise l’ellipse, l’implicite. Elle va à l’essentiel. Vous n’oublierez pas cette voix au lyrisme retenu.
Et si on voulait lui trouver un cousin en autodérision, en mélancolie vagabonde, ce pourrait être Jim Harrison, dont les poèmes méritent d’être (re)découverts aussi !

Frédéric