Meurtre en prime time
EAN13
9782012031135
ISBN
978-2-01-203113-5
Éditeur
Black Moon
Date de publication
Collection
BLACK MOON THRI
Nombre de pages
448
Dimensions
22 x 14 x 0,3 cm
Poids
412 g
Langue
français
Langue d'origine
anglais
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Meurtre en prime time

De

Traduit par

Black Moon

Black Moon Thri

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L'édition originale de cet ouvrage a paru en langue suédoise

chez Piratförlaget, sous le titre :

Prime Time

Copyright © Liza Marklund, 2002.

Published by agreement with Salomonsson Agency.

Traduit du suédois par Jean Renaud.

Illustration : © Richard Nixon / Arcangel.

Conception graphique : Julie Simoens.

Une première édition française a paru aux éditions du Masque, département des éditions Jean-Claude Lattès, en 2004 sous le titre :

Meurtre au château d'été : les enquêtes d'Annika Bengtzon.

© Hachette Livre, 2013, pour la présente édition.

Hachette Livre, 43, quai de Grenelle, 75015 Paris.

ISBN : 978-2-01-203168-5

Vendredi 22 juin

La veille de la Saint-Jean

Je n'y arriverai pas, pensa Annika. Ça me tue.

Elle se massa le front, se forçant à respirer calmement. Le fourbi devant la porte s'amoncelait sous ses yeux, masse informe qui menaçait d'envahir l'entrée et le monde entier. Impossible de s'en faire une idée exacte. Comment savoir ce qu'elle avait oublié ?

Il y avait les vêtements des enfants, la trousse de toilette, la bouillie et les petits pots, les impers et les bottes, la poussette et son tablier, les sacs de couchage, ses affaires et celles de Thomas dans les sacs à dos, les couvertures et les peluches...

— Ellen vient comme ça ? demanda Thomas depuis la porte de la salle de bains.

Annika regarda sa fille de un an qui avançait maladroitement vers les affaires de toilette.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Tu n'as rien de mieux à lui mettre ?

Annika se sentit désarçonnée.

— Mais qu'est-ce qu'elle a de travers ? s'écria-t-elle.

Thomas rejeta ses cheveux en arrière et plissa les yeux.

— C'était seulement une question. Ça ne va pas ?

L'éternel sentiment de ne pas être à la hauteur la mit en ébullition.

— J'ai fait les bagages toute la matinée, mais je n'ai pas pris de robe en dentelle. J'aurais dû ?

Thomas soupira.

— Je me demandais seulement pourquoi il fallait que la petite ait l'air d'un manœuvre.

Annika fit cinq pas rapides jusqu'à lui et le regarda droit dans les yeux.

— Un manœuvre ? Mais dis-moi un peu ! On va dans l'archipel ou à un défilé de mode ?

L'étonnement de Thomas était réel, Annika ne se disputait presque jamais avec lui. La colère qui l'envahissait le paralysa, il ouvrit la bouche pour crier mais n'émit aucun son. En revanche, un de leurs appareils électroniques se mit à sonner, avec persistance, de plus en plus fort.

— Le tien ou le mien ? demanda Annika.

Thomas tourna les talons, disparut dans la chambre pour vérifier si c'était le mobile ou le bip. Annika contempla le chaos de l'entrée, sans parvenir à localiser la sonnerie.

— Ce n'est pas là, cria Thomas.

Annika se mit à fouiller le tas de bagages, le bruit à demi étouffé persistait dans le méli-mélo. Ellen essaya de se relever en s'agrippant au sac de sa mère, qui se renversa, et la tête de la fillette heurta le sol.

— Ouille, ouille, ouille ! Maman va souffler dessus ! Ce n'est rien, regarde !...

La sonnerie fut couverte par les pleurs effrayés de l'enfant. Annika souleva sa fille, la berça, elle était chaude et douce et sentait bon. Quand les larmes cessèrent, l'appareil en fit autant. Mais le téléphone fixe prit le relais. Annika se leva avec l'enfant dans les bras et coinça le combiné contre son épaule tout en soufflant sur la tête de sa fille.

— Tu es au courant ? demanda le Clou, le chef de la rubrique Info.

Annika se balançait doucement.

— De quoi ?

— Le Sörmland, bien sûr. Michelle Carlsson.

Elle s'arrêta de souffler et s'humecta les lèvres. La Presse du soir débarquait avec la douceur d'un char d'assaut, totalitaire et accaparant.

— Ce sont tes vieux terrains de chasse, non ? reprit le chef de rubrique. Le photographe est parti, c'est Bertil Strand, hein ?

La fin s'adressait à quelqu'un d'autre, sans doute au responsable des photos.

— Bertil est en route, reprit le Clou, il passe te prendre dans cinq minutes.

— Tu as pensé aux couches ? s'enquit Thomas en ôtant la fillette des bras d'Annika.

Celle-ci hocha la tête, montra du doigt la montagne de bagages, cherchant un point d'appui dans la réalité.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-elle.

— Tu as reçu un flash ou pas ?

Bon sang ! Le bip avec les flashes de l'agence TT. Elle tira son propre sac, fouilla en vain.

— Euh, bafouilla-t-elle, je l'ai entendu sonner mais je n'ai pas encore eu le temps de regarder.

— Michelle Carlsson a été assassinée. Un car régie non loin de Flen, une balle dans la tête.

Les mots glissèrent, la réalité s'estompa à nouveau. Thomas posa la fillette par terre, qui remit aussitôt le cap vers sa mère, chancelante, les bras en avant.

— C'est une blague ? demanda Annika.

— Carl Wennergren est là-bas. Apparemment, il s'y trouvait hier pendant l'enregistrement, alors on a une longueur d'avance. Tu parles d'un timing !

L'admiration dans la voix du Clou était évidente et sincère. Annika l'entendit soupirer sur le fond sonore des bruits indéfinissables de la rédaction.

— Berit est à Öland pour un reportage sur les beuveries des jeunes. Elle plaque tout et rentre en voiture, elle devrait être ici en fin d'après-midi. Langeby est aux Canaries, alors il ne reste plus que toi. Il faut que tu t'y colles. Bertil Strand a emporté ce qu'on a reçu de TT, il n'y a presque rien, tu pourras appeler de la voiture. Tu as de bons rapports avec les flics du Sörmland ?

Le contact des mains chaudes de l'enfant sur ses jambes la ramena à la réalité.

— Pas mauvais.

— Parle avec Wennergren, prends la mesure de la situation et rappelle-moi... disons vers midi !

— D'accord.

Thomas se raidit et dévisagea Annika.

— C'était quoi ?

Il comprit en croisant son regard.

— Ah non ! Dis-moi que ce n'est pas vrai ! Tu ne vas pas travailler ? Pas aujourd'hui !

— Michelle Carlsson est morte.

— La fille de la télé ? La collègue d'Anne ?

Annika hocha la tête, une bouffée d'adrénaline lui donna la chair de poule tandis qu'Ellen bavait sur ses genoux.

— Comment ça ? Comment est-elle morte ?

Annika déplaça l'enfant et se leva. La perspective changea. Les bagages pour l'archipel rétrécirent et disparurent, au profit de son ordinateur portable et son grand sac. La fillette tomba lourdement sur les fesses et se remit à pleurer. Thomas la souleva.

— Ils sont déjà en route pour venir me chercher.

Thomas fixa Annika des yeux pendant deux secondes, refusant de comprendre.

— Le bateau part à 11 heures, dit-il enfin.

Annika lui reprit la fillette des bras, la porta jusqu'à son lit à barreaux, l'embrassa sur les cheveux. Le soulagement d'échapper à la belle-mère et à l'archipel fut supplanté par le regret et l'envie.

— Mon petit bout de chou, murmura-t-elle aux oreilles de l'enfant, maman t'aime beaucoup, beaucoup.

Annika n'avait pas le courage de la laisser.

— Maman va revenir plus tard. Tu seras avec papa et ton frère, vous allez bien vous amuser, j'en suis sûre.

La petite, boudeuse, détourna la tête en entendant ce mensonge, replia les jambes et enfonça son pouce dans sa bouche. Annika lui caressa les cheveux, les mains gourdes et le cœur lourd. Elle quitta précipitamment la pièce et se cogna au montant de la porte. De la salle filtrait le son de Scoubidou, poursuivi par un fantôme, et elle entendit aussi la voix grêle de Kalle qui chantait.

Tous les autres y arrivent, pensa-t-elle. Ça ira, il faut que ça aille.

— Tu parles sérieusement ? demanda Thomas quand elle revint dans l'entrée. Tu as vraiment l'intention d'aller travailler ? Maintenant ?

La voix se fit trop forte sur la fin de sa phrase. Annika regarda le parquet.

— Il n'y a personne d'autre, je suis de service, tu sais qu'on n'est pas assez nombreux...

— J'en ai ras-le-bol ! cria Thomas, penché en avant et rouge comme un coq. Il y a cinquante personnes qui nous attendent à Gällnö et tu refuses d'y aller ?

Après la panique, le soulagement et le regret, une colère inattendue et injustifiée s'empara d'Annika.

— Toi, ils t'attendent, précisa-t-elle, pas moi. Ils se foutent pas mal de moi, et tu le sais très bien !

Affolé par les cris de ses parents, Kalle déboula dans l'entrée. Annika lui tendit les bras et il s'accrocha à son cou. Cette marque de tendresse faillit la faire craquer.

— T...
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