EAN13
9782252045190
ISBN
978-2-252-04519-0
Éditeur
Klincksieck
Date de publication
Collection
REVUE THOMISTE
Nombre de pages
176
Dimensions
24 x 16 x 1,5 cm
Poids
296 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Revue thomiste - N°1/2020

Saint Thomas et le bien. Actes du Colloque. Toulouse, 4-5 mai 2018. Première partie

Klincksieck

Revue Thomiste

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Il est commun de parler, à propos de saint Thomas d’Aquin, de métaphysique de l’être et des modes de l’étant dont l’unité, la vérité, le bien, etc. Si nous disons que Dieu est l’être et qu’il est par identité la bonté, la source et la cause de tout étant (ens), de tout être (esse) et toute bonté (bonum, bonitas), ne redouble-t-on pas la difficulté, car le vocabulaire du bien et du « souverain bien » est, nous dit-on, culturellement et rationnellement « anachronique ». Au bien, dont la grammaire philosophique est devenue presque inintelligible en postmodernité, on préférera en éthique, par exemple, le concept de juste. Pourtant la question du bien réapparaît, au moins par l’ampleur des questions bioéthiques. Il est significatif que l’on investisse la tradition philosophique d’avant le moment critique kantien, en recourant à Platon et Aristote, ainsi qu'au stoïcisme de l’époque impériale. Même si saint Thomas doit plus à Denys qu’à Aristote pour l’approfondissement de la doctrine du bien, « l’agathologie » thomasienne doit à ce dernier son armature fondamentale ; il reste que c’est d’abord par la Bible et à cause d’elle que notre docteur développe une théologie et une métaphysique du bien. En Gn 1, 31, selon la traduction de la Septante, on lit en effet : « Tout est parfaitement bon (Panta kala lian) » ; et dans la Vulgate : « Quae fecit et erant valde bona ». Après Aristote, et au-delà du platonisme, Théophraste, le premier scholarque du Lycée, au début du ive siècle dira : « Ce qui est se trouve être bon (ta mèn onta kalôs etukhen onta) » ; ou encore Avicenne : « L’être est bien pur et perfection pure (esse est bonitas pura et perfectio pura) ». Saint Augustin n’est pas en reste : « Tout ce qui est, en tant qu’il est, est bon (Omne quod est, in quantum est, bonum est). » Saint Thomas, s’inscrivant dans cette tradition, répétera : « Tout ce qui est, en tant qu’il est, est nécessairement bon (Omne quod est, inquantum est ens, necesse est esse bonum). » Dans l’étant, qui est habens esse, l’être est fondement du bien, or il n’y a pas de bien en dehors de l’étant 9. Sans rien y ajouter, le bien nous en révèle le prix. Si l’esse est acte, il est perfection et achèvement ; et ce qui se dit de l’être se dit du bien. Plus tard, à la fin du XXe siècle, un disciple de Thomas d’Aquin dira éloquemment : « Toute philosophie de l’être est aussi indissociablement une philosophie du dynamisme et de la générosité de l’être, donc de l’inclination, de l’appétit, de la tendance, de l’amour et du désir […] dans la mesure même où [l’être] est, est bon et propre à être aimé. » Autant que l’être, et ceci ne saurait étonner, le bien est une notion universelle dont la formalisation appelle une pluralité de regards qui dépend, nous semble-t-il, de la manière dont l’esprit se rapporte à lui, comme il se rapporte à l’être. La diversité des points de départ fait la diversité des points de vue et de leur résultat, comme on le verra dans l’ensemble des contributions du colloque (4-5 mai 2018) dont nous publions les actes : de la métaphysique à la théologie en passant par l’éthique, et de saint Thomas à ses disciples contemporains.Comme l’a écrit Rémi Brague, « il serait pertinent de regarder d’un peu plus près le concept de bien et de le prendre au sérieux ». C’est, dans une large mesure, ce que la Revue thomiste tente de faire. fr. Philippe-Marie Margelidon, o.p.Directeur de la Revue thomiste
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