Avec du soleil sous la semelle

« Un poète […] quand il traduit, réécrit les poètes qu’il choisit. Il les prend comme on prend une photo qui, quand on la plonge dans le révélateur, « parle » autrement. Mais il photographie ceux qu’il aime. Voilà le critère premier du présent choix. Une photo de famille. Elle est due au hasard des rencontres et des sympathies.
« Mes » poètes, cela clarifié, cependant comptent. Leur notice biobibliographique le confirme. Ils ont beaucoup publié, ont reçu des prix prestigieux, sont largement traduits. Mais, surtout, ils ont, chacune et chacun, une voix à nulle autre pareille. Un univers métaphorique sans cesse réinventé. Chacune et chacun, à sa façon, conscient de sa fragilité, est aux prises avec le monde de moins en moins saisissable. Ensemble ils en explorent les brèches et les blessures, les nostalgies et les espoirs, les dérisions et les refuges. Un retour aux riens les plus petits pour ne pas se laisser piétiner par l’écrasante grandeur des choses. Plus près de l’architecture de l’instable que de l’ébauche de refondations solides. »