Vie et destin d'un dessinateur textile, D'après le Journal d'Henri Lebert (1794-1862)
EAN13
9791026707356
Éditeur
Champ Vallon
Date de publication
Collection
Les Classiques
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Vie et destin d'un dessinateur textile

D'après le Journal d'Henri Lebert (1794-1862)

Champ Vallon

Les Classiques

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S’il y a eu un mariage entre l’art et l’industrie, le divorce semble
inévitable. Pourtant, celui qui incarne le mieux ce couple terrible, le
dessinateur de modes, nous a laissé un témoignage exceptionnel : 13 volumes
manuscrits où lettres, échantillons et dessins collées côtoient les mots
écrits sur l’instant. Né en 1794, Henri Lebert nous fait revivre le premier
XIXe siècle avec son œil d’ouvrier qualifié. Lettré, il commente l’actualité
politique de la chute et du retour de Napoléon aux mouvements canuts et
critique sévèrement le socialisme. Le dessinateur de mode n’apprécie guère ces
nouveautés déstabilisatrices. S’il se dit « né patriote », il faut chercher
son patriotisme dans la santé économique du pays. L’homme est complexe, s’il a
foi dans l’industrie, il s’inquiète du développement des usines qui détruisent
les paysages de son enfance. Aussi, compréhensif avec les revendications
ouvrières, il ne supporte pas les mouvements de foule, synonyme de désordre.
On saisit tous les changements dus à l’essor de la consommation, l’agencement
des vitrines, la multiplication des produits et la multiplication des produits
en même temps que le chemin de fer modifie les distances. Alors que ces
manuscrits sont dédicacés à son fils et ne devaient être lus que « dans le
cercle étroit de la famille et de l’amitié véritable », ils nous plongent dans
l’intimité de ce dessinateur. Sensible et fidèle, Henri Lebert a rédigé un
éloge à l’amour ; celui de la famille, de l’art et du travail alors que
l’industrialisation est associée dans l’imaginaire collectif au couple
charbon-vapeur.Le développement des études sur la culture matérielle,
notamment chez les anglophones, a principalement mis l’accent sur la diffusion
et la circulation des objets. Cette source nous permet d’entrer dans le
quotidien, dans l’atelier et l’esprit d’un dessinateur. Ecrit de for privé, ce
travail s’intègre dans le champ de l’histoire des techniques intégré à une
histoire économique et sociale. Audrey Millet introduit et commente les
morceaux choisis de l’ouvrage afin de suivre le dessinateur dans ses gestes,
de voir avec son œil et de comprendre comment l’ouvrier qualifié perçoit les
bouleversements politiques, économiques, sociaux et industriels du XIXe
siècle. Elle interroge la place de la création dans un monde où les variations
s’accélèrent. À la manière de Daniel Roche et Philippe Minard, le premier avec
son vitrier, le second avec ses typographes, Audrey Millet suit l’ombre de son
dessinateur pour adopter son regard et ses gestes. C’est donc à la frontière
de la mode, de l’économie industrielle, mais également de l’anthropologie des
techniques et de la sociologie du travail que se lit le journal d’Henri
Lebert.
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