Trente ans avec Alain Resnais, Entretiens
EAN13
9782874499630
Éditeur
Les Impressions nouvelles
Date de publication
Collection
Traverses
Langue
français
Langue d'origine
français
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Trente ans avec Alain Resnais

Entretiens

Les Impressions nouvelles

Traverses

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« Ce livre réunit les entretiens qu’Alain Resnais m’a accordés de 1984 à
2013, la plupart à l’occasion de la sortie de ses films. En 1984, admirateur
de son œuvre depuis la vision d’Hiroshima mon amour et L’Année dernière à
Marienbad à l’âge de treize ans, et collaborateur depuis peu du mensuel
Positif, je m’étais porté volontaire en compagnie d’Alain Masson pour
interviewer Resnais au sujet de L’Amour à mort. Le courant est passé et j’ai
ensuite eu la chance que Michel Ciment, l’animateur de la revue, me réserve
le privilège des rencontres avec le réalisateur à chacun de ses nouveaux
films. En tant qu’auteur de livres, collaborateur de Positif et d’autres
revues, programmateur occasionnel ou réalisateur d’un documentaire
télévisé, j’ai régulièrement fréquenté l’œuvre de Resnais et fait
d’autres entretiens avec lui, y compris des entretiens audio pour des
suppléments DVD. Une amitié est née. À partir d’I want to go home en 1988,
j’ai suivi la genèse des films de Resnais, parfois de loin, parfois de très
près. Alors que mes premiers entretiens avec lui se fondaient sur une unique
projection de presse du film concerné, les suivants se nourrissaient de ma
connaissance préalable des projets. Un interviewé disert Contrairement à
l’image que l’on avait parfois de lui, et qui tenait surtout à son refus de
paraître à la télévision ou d’être filmé pour des documentaires, Resnais
était un interviewé volubile, friand de digressions, aimant l’échange. Il
pratiquait parfois l’omission ou le raccourci pour des raisons diplomatiques
compréhensibles, mais il était d’une bonne foi sans faille. Il lui arrivait
de demander que certaines informations ne soient pas publiées à la sortie
d’un film afin de préserver la fraîcheur de la découverte pour les
spectateurs, mais le seul point sur lequel il protégeait durablement ses
secrets de fabrication était son travail avec les comédiens. On trouve des
constantes dans ses propos étalés sur trois décennies : les défis lancés
aux chefs opérateurs, les décors à transformations, le rôle crucial de la
musique, la thématique de la vaine quête du bonheur, et aussi, en cours de
route, la conception de ses personnages comme des fantômes, dans le
prolongement de ses lectures, enfant, de légendes bretonnes. Il est vite
apparu que Resnais appréciait de mettre en avant ses collaborateurs, et
l’interroger sur leur apport allait dans mon sens. Il leur attribuait parfois
des idées, des choix dont, dans leurs propres témoignages, eux-mêmes lui
cèdent la paternité. Nos entretiens soulignent que la pratique de Resnais a
sensiblement évolué dans certains domaines, en particulier l’adaptation
d’œuvres préexistantes. Au moment de L’Amour à mort, Resnais avait encore
pour principe affiché de ne tourner sur le documentaire Gershwin sont
inédits. Notre conversation sur I want to go home, en 1989, était destinée
d’une part à servir de matériau d’information pour le chapitre sur la
genèse de ce film dans mon livre L’Atelier d’Alain Resnais alors en voie
d’achèvement, d’autre part à fournir l’essentiel d’un éventuel entretien à
paraître dans Positif, que nous aurions enrichi par la suite. Resnais s’est
toutefois entendu avec le distributeur pour n’accorder que trois entretiens de
promotion à des périodiques français au choix de l’attachée de presse,
laquelle a retenu d’autres supports que Positif. La télédiffusion de
Gershwin en 1993 ne s’était accompagnée d’aucune déclaration dans la
presse, et, en 1996, nous avons souhaité qu’il reste un témoignage de
Resnais pendant que le travail sur ce documentaire restait récent dans sa
mémoire. Deux entretiens thématiques complètent le sommaire, l’un sur la
présence de la bande dessinée dans le cinéma de Resnais, l’autre sur sa vie
de spectateur de théâtre. L’interview sur la bande dessinée, en 1990,
commandée pour un hors-série de CinémAction intitulé « Cinéma et bande
dessinée », prolonge les propos sur I want to go home, film écrit par le
scénariste et dessinateur américain Jules Feiffer et dont le personnage
principal est un cartoonist. Le lecteur s’apercevra que les propos de Resnais
sur le neuvième art sont fortement situés dans le temps. Resnais n’avait pas
encore vu le tout récent Batman de Tim Burton, qui allait lancer la vogue des
adaptations de superhéros dessinés, et il s’exprime sur ses projets
inaboutis avec Stan Lee, le scénariste vedette et longtemps rédacteur en
chef de Marvel Comics, douze ans avant le tournant représenté par Spider-Man
de Sam Raimi. L’entretien sur le théâtre, inédit, était prévu pour un
numéro de la revue Double Jeu sur « Alain Resnais et le théâtre » en 2011,
mais les retards pris dans la préparation de Vous n’avez encore rien vu nous
ont conduits, le cinéaste et moi, à renoncer avant la date limite. Nous
avons enregistré l’entretien l’année suivante dans la perspective d’une
publication en une autre occasion. Resnais parcourt en accéléré huit
décennies de spectateur de théâtre, en commentant aussi ce qui, dans son
mode de travail ou ses choix de comédiens, provient de sa fréquentation des
scènes françaises, anglaises et new-yorkaises. Passer de l’oral à l’écrit
Les entretiens déjà publiés en revue figurent ici sous une forme
différente de leur publication initiale. Après des discussions avec Resnais
sur le style de transcription en 2001 et 2010, j’ai révisé nos entretiens
antérieurs par souci d’homogénéité, avec son aval. Resnais a validé les
nouvelles versions de ceux sur L’Amour à mort, Mélo et la bande dessinée,
et donné quelques indications pour les autres. Nous avons aussi vérifié
ensemble un certain nombre d’informations, notamment en matière de repères
temporels, et fait quelques ajouts de détail. En élaborant le recueil que
vous tenez entre les mains, j’ai pratiqué quelques coupes pour éviter des
répétitions inutiles d’un entretien à l’autre, et j’ai réintégré une
poignée d’éléments que Resnais m’avait demandé de ne publier qu’une fois
que les films seraient sortis de l’affiche, ou auxquels il avait fallu
renoncer pour des raisons de longueur. Les notes en bas de page mêlent notes
d’origine et notes nouvelles destinées à éclairer des allusions devenues
moins perceptibles avec le temps, ou à signaler l’évolution de Resnais
survenue depuis sur tel ou tel point. » François Thomas François Thomas est
l’auteur de L’Atelier d’Alain Resnais (1989), d’Alain Resnais, les coulisses
de la création (2016) et d’un documentaire pour Arte sur la genèse d’On
connaît la chanson (1997). Il est également le coauteur de deux livres sur
Orson Welles et a codirigé des ouvrages collectifs sur l’âge d’or du court
métrage français et sur le director’s cut. Il est professeur en études
cinématographiques à la Sorbonne Nouvelle et collaborateur de la revue
Positif.
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