Freud, les juifs, les Allemands
EAN13
9782749220413
Éditeur
Erès
Date de publication
Collection
Point Hors Ligne
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Freud, les juifs, les Allemands

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Au siècle des Lumières, la sécularisation du judaïsme avait permis le
réinvestissement de l'histoire et du politique. Devenu citoyen, et non plus
étranger ou apatride, le juif fut plus allemand que les Allemands. Le mythe du
juif errant avait vécu et l'Allemagne devenait la patrie de l'âme juive . Au
XIX siècle la psychanalyse a bouleversé les conceptions de l'homme sur la
sexualité, l'identité, la temporalité. Le passé n'est pas révolu, il hante le
présent, et le corps est l'espace d'une mémoire archivée à travers les
symptômes où s'écrit l'histoire du sujet. Pour Freud, le signifiant juif ne
fut pas seulement, le signifiant de la révolte et de la résistance à
l'antisémitisme, il fut aussi un signifiant éclaté, disséminé, excessif,
quelque chose d'essentiel qui lui permit de s'extraire de la majorité compacte
. Il refusa toujours de considérer la psychanalyse comme une science juive
mais on ne peut ignorer que la judaïté de Freud regarde la psychanalyse. De la
même manière, on ne peut méconnaître sa germanité, avec laquelle il
entretenait des rapports ambivalents : Ma langue est allemande… mais je
préfère me dire juif . L'assimilation fut la ligne de force du discours
antisémite. Le nazisme consacra la rupture avec les idéaux de l'Aufklärung. La
psychanalyse, considérée comme science juive, fut ravalée au rang de
psychothérapie, sacrifiée sur l'autel de l'adaptation, du conformisme et de la
soumission qui furent les valeurs d'asservissement de l'idéologie nazie. La
race seule désormais suffisait à définir l'homme. Aux nazis qui avaient
décrété la supériorité de la race aryenne, Freud répond, comme il répond à
Jung, qu'il n'y a pas de race pure et dominatrice, pas d'humanité homogène
mais le brassage, le mélange et le métissage des hommes et des cultures. Moïse
devient pour Freud le passeur de l'universel, l'affirmation que c'est
l'étranger qui habite l'homme. La véritable filiation ne concerne ni le sang,
ni la terre, ni le nom propre, mais la puissance vivifiante du Nom-du-Père qui
inscrit le sujet dans une généalogie des signifiants, lui permettant de
produire l'héritage plus que de le recevoir. Georges Zimra, psychanalyste,
psychiatre des hôpitaux, a déjà publié, chez le même éditeur, La passion
d'être deux.
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