Le Forçat innocent / Les Amis inconnus

Jules Supervielle

Gallimard

  • Conseillé par
    8 juin 2019

    Le ciel est toujours là qui creuse son chemin

    Supervielle, c'est d'abord une voix qui me touche : une voix qui se confie, une voix qui appelle au dialogue, qui invite d’autres voix. C'est à nous qu'il parle, et tout est dans cette simplicité qui permet une proximité.

    Le poète est celui qui plonge, et emporte son lecteur avec lui : « Je ne vais pas toujours seul au fond de moi-même (…) Je me fais des amis des grandes profondeurs ». Plongée dans l’océan ou dans le ciel, où les étoiles sont nos confidentes (il faut lire le merveilleux « Attendre que la Nuit… » !). Quand on plonge dans ce monde intérieur, il s'élargit au monde entier. Dedans, dehors, nuit et jour, ici et ailleurs sont un seul et même monde : en tout cas, la poésie y travaille.

    La force de Supervielle, c’est ce beau désir de communication et de communion, désir de rejoindre. On sait d’où vient cette recherche éperdue et mélancolique : de la mort des parents lorsqu’il avait huit mois, de l’Uruguay lointain, du déracinement ; du sentiment de n’être pas à sa place. Mais il en fait un mouvement universel, d’une merveilleuse ampleur. Battements du cœur, flux et reflux de l’eau, course des chevaux et du soleil, portes qui s’ouvrent sur l’inconnu, voix qui appellent, gestes et pas : les « amis inconnus » de Supervielle nous accompagnent aussi.

    Frédéric