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Conseillé par Chloé T. (Libraire)24 septembre 2024
Une plongée saisissante dans le Liban en guerre
Le projet ambitieux de Frédéric Paulin nous plonge dans les premières années de la guerre au Liban (1975-1983).
Un roman choc, qui nous emporte sans ménagement dans ce conflit aux origines multiples.
Mais aussi un livre rempli d'humanité, avec des personnages éprouvés et tiraillés.
Je n'ai qu'une hâte : lire la suite ! -
Conseillé par Alex-Mot-à-Mots28 août 2024
Liban
Le récit commence à Beyrouth le 13 avril 1975.J’ai eu un peu de mal au début avec tous ces personnages et ces familles libanaises : les Nada grande famille maronite ; les Gemayel dont Bachir va devenir président du Liban et Philippe Kellermann le conseillé politique de l’ambassade autour de qui tourne le récit.Et puis le roman commence sur les chapeaux de roues avec l’enlèvement d’un fils de famille. L’auteur prend ensuite le temps de poser les personnages du drame libanais.
La famille Nada avec le père Nassim, les fils Edouard, et Charles resté au Liban (Charles fait du trafique de drogue) et Michel parti en France au RPR pour faire entendre la cause libanaise. Son mariage avec la juge Gagliago sera un échec.
L’assassinat du président Bachir Gemayel déclenchera les massacres de Sabra et Chatila, la tuerie des réfugiés palestiniens dont les corps seront recouvert à la pelleteuse pour qu’il n’y ai pas d’enquête.
J’ai été touché par le personnage de Philippe Kellermann qui tente de faire valoir la cause libanaise au sein du PS ; son amour pour Zia la traductrice ; sa consommation anxiolytiques et d’arak.
J’ai suivi avec intérêt le personnage de Dixneuf, officier de la SDECE qui tente d’y voir clair dans le jeu politique.
J’ai aimé et détesté le personnage de Zia al-Faqîh, d’abord traductrice de l’ambassade de Beyrouth, puis appartenant à la katiba d’Abdul Rascol qui recrute des adolescents pour le martyr.
J’ai découvert une partie de l’histoire politique du Liban : son occupation par Israël mais aussi par la Syrie sur une partie de son territoire.
J’ai appris l’existence de l’Armée secrète arménienne de libération de l’Arménie (l’ASALA) composée de jeunes arméniens galvanisés par l’exemple palestinien. Il est dirigé par Hagop Hagopian qui serait en contact avec avec le Fatah-Conseil révolutionnaire d’Abou Nidal.
J’ai appris le rôle de la communauté chiite dans les troubles, communauté qui s’appuie sur la république islamique d’Iran.
J’ai découvert le double jeu de la France qui a hébergé Khomeini puis le Shah ; France qui soutient les chiites d’Iran mais vend des armes à l’Irak.
Je croyais que Abou Nidal était le nom d’un groupe terroriste, et en fait non ; et les membres d’Action Directe négociaient avec le président Mitterand. Elysée qui négocie aussi avec Abou Nidal..
L’auteur évoque aussi l’attentat de la Rue des Rosiers et autres attentats qui ont ensanglantés Paris dans les années 70-80.
N’oublions pas le Hizbu-Ilàh, qui vient mettre son grain de sel.
Mais alors la cerise sur le gâteau, c’est l’affaire Eurodif : cette société spécialisée dans l’enrichissement de l’uranium se voit prêter 1 millliard de dollars par le Chah pour venir produire en Iran. Après la révolution islamique, le république des mollahs demande le remboursement à la France.
Une lecture un peu technique et politique (beaucoup de jeux de pouvoir) qui ne plaira pas à tout le monde, mais j’adore l’écriture de Frédéric PAULIN et sa façon d’éclairer les conflits actuels.
Il ne prend pas son lecteur pour une cruche et met en lumière les liens restés cachés des alliances politiques au Liban et en France.
Même si le mot fin apparaît à la dernière page, il me tarde de lire la suite de l’Histoire du Liban, une histoire mouvementée et tellement en lien avec l’Hexagone.
Quelques citations :
Oui, peut-être que pour les pays étrangers le Liban n’est qu’un moyen de renforcer leur puissance régionale. Peut-être que le Liban n’a pas d’autre intérêt pour ses puissants voisins que d’être un champ de bataille où régler leurs comptes. (p.88)
Depuis le début de l’été, les attentats se succèdent en France. Qu’ils soient revendiqués ou imputés à Action Directe, aux Arméniens de l’Asala ou aux Palestiniens du Fatah-Conseil révolutionnaire d’Abou Nidal, les flics et la justice sont démunis. (p.274)
Depuis la mort d’Hussein ibn Ali, le « roi des martyrs », à Kerbala en 680, l’islam chiite accepte le sacrifice. (…) Les Iraniens l’emploie depuis le début de la guerre contre l’Irak. (p.409)
Dans le grand bordel du monde, seul le hasard peut changer les choses. (p.443)
L’image que je retiendrai :
Celle de Zia, traductrice à l’ambassade, qui prend le voile pour pouvoir défendre la cause chiite mais qui se bat également pour ne pas être reléguée à la maison.