• Un coup de coeur !!!

    Quelle petite merveille que ce livre. On suit Seyonne, un esclave. Avant, c’était un Gardien. Une personne chargée de protéger le monde des démons en les combattant. Oui, mais voilà, l’Empire Derzhi a décidé un jour d’étendre son territoire - déjà immense - et de réduire en esclavage le peuple de Seyonne. C’est pourquoi ce dernier se trouve être un esclave lambda sans pouvoir depuis déjà seize ans. Il a eu le temps de se résigner et d’apprendre à ne pas faire de vagues, à supporter les humiliations et les mauvais traitements. Être au service du fils de l’Empereur - celui-là même qui a donné l’ordre d’envahir la patrie de Seyonne - n’y changera rien. En tous cas, c’est ce qu’il croit.

    Aleksander est un jeune homme insouciant, cruel, colérique et pour qui la vie d’un cheval vaut beaucoup plus que celle d’un esclave. Pourtant, Seyonne croit voir en lui de plus nobles sentiments et semble croire que sous cette façade se cache une tout autre personne. De plus, les démons semblent avoir infiltré la cour du prince héritier. Les réflexes de son ancienne vie sont difficiles à chasser, ce qui va pousser Seyonne à faire des choses qu’il n’avait pas faites depuis 16 ans : combattre les démons et tenir tête à son maître.

    Le moins que je puisse dire c’est que cette histoire m’a enchantée… c’est un vrai coup de cœur. Original et imprévisible, ce sont les mots qui décrivent le mieux ce premier tome. Prendre un esclave comme héros de roman, c’était pour moi du jamais vu, et c’est une réussite. Franchement, au début de ma lecture, j’avais du mal à voir où cela pouvait nous mener. Puisque par définition il n’est pas libre, il ne peut pas faire ce qu’il veut. Je ne voyais pas comment l’auteur allait faire avancer l’histoire de façon intéressante et pertinente. Et j’ai été bluffée. L’intrigue avance petit à petit, elle prend de l’ampleur jusqu’à ce qu’un ignoble complot nous saute aux yeux et s’accompagne de nombreux rebondissements.

    Outre une histoire géniale, ce roman bénéficie d’un duo très dynamique. Aleksander et Seyonne portent littéralement le roman à eux deux. C’était un délice d’être en leur compagnie. Ce sont des « ennemis », donc distants, mais en même temps ils sont proches et complices. Ils savent surtout où sont leurs places respectives même s’il y a de nombreuses transgressions - pour notre plus grand plaisir puisque cela donne lieu à des répliques savoureuses.

    J’ai toutefois trouvé dommage que le livre pâtisse de certains défauts d’impression - lettres manquantes, mots à moitié effacés. Ce n’est vraiment pas agréable à la lecture et ralentit considérablement le rythme de lecture alors que la plume de l’auteur est très agréable, fluide et vive. Je déplore également que certains concepts restent un peu flous au début. Je préfère encore n’avoir aucune explication sur une notion de l’univers, plutôt qu’avoir une moitié d’explication incomplète qui m’embrouille plus qu’autre chose.

    Au final, ce roman est des plus réussis. Je vous le recommande vivement. Le duo Aleksander/Seyonne qui est excellent et l’intrigue très bien menée. Il serait dommage de passer à côté ! Personnellement ce livre m’a totalement transportée et j’ai hâte de pouvoir lire la suite.


  • Conseillé par
    1 mai 2012

    Voilà un cycle que je voulais lire depuis longtemps, la sortie du premier tome en poche chez Folio tombait donc à pic ! Et pour le coup, je suis vraiment conquise par l’écriture de Carol Berg, qui est racée et soutenue, bien au-dessus de la tendance actuelle. Tout le roman d’ailleurs n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’on lit dernièrement : aux oubliettes les voleurs, assassins et magiciens que l’on trouve communément en Fantasy. Du moins sur la première partie du tome, qui pour le coup, ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir chassé, c’est donc une agréable surprise de voir l’aspect fantastique s’immiscer doucement dans le récit.

    Le ton du récit et l’atmosphère qui s’en dégage sont résolument durs et adultes, le narrateur Seyonne, étant un esclave depuis plus de 16 ans. L’auteur décrit avec beaucoup de réalisme cet univers désenchanté fait de brimades, de punitions et d’humiliations. L’espoir d’une vie meilleur n’effleure même plus Seyonne qui ne pense pas une seconde à se rebeller. A quoi bon ? Etant donné le parti pris de Carol Berg de nous faire vivre cette histoire par les yeux de l’esclave Seyonne qui utilise le « je », une relation d’empathie se noue avec lui, ce qui joue beaucoup sur l’impact que le récit a sur nous.

    La relation entre les deux personnages principaux du roman, Seyonne et le prince Alksander, apporte tout le sel de l’intrigue. D’ailleurs la première partie du tome se concentre sur l’évolution de leur relation et nous donne quelques clés de compréhension de l’univers. C’est selon moi, le point fort de l’auteur, qui nous livre des personnages à la psychologie fouillée, charismatiques à souhait et qui se complètent parfaitement. On en vient même à trouver les méchants de l’histoire bien falots en comparaison. L’empereur par exemple m’a fait tiquer. Je m’attendais à un personnage majestueux et dangereux, mais le prince Aleksander lui vole carrément la vedette question autorité…

    Le rythme de l’intrigue n’est pas soutenu, mais va plutôt crescendo, les événements se mettant en place au fur et à mesure que les tenants et aboutissants sont révélés. N’allez pas croire qu’on s’ennuie, ce n’est pas le cas, mais si vous êtes féru d’action débridée, vous risquez fort d’être déçu. Néanmoins, l’univers créé par Carol Berg est soigné et attrayant, et ceux qui aiment complots et trahisons seront plus que satisfaits. Si l’on ajoute à cela la magie et les démons, on obtient un premier tout à fait honnête, dont je regrette tout de même un peu la fin un peu trop onirique (et du coup nébuleuse) à mon goût. A découvrir.