Le Kremlin en sucre

Vladimir Sorokine

Éditions de L'Olivier

  • 8 mai 2011

    Un lilliputien qui joue les « fous du roi » au Kremlin rentre dans son appartement où il est servi par un robot avec lequel il joue et s’enivre dans la tristesse. Interrogatoire : grâce à une piqûre, le prisonnier se transforme en cristal et le policier menace de le briser en mille morceaux avec un tisonnier s’il ne parle pas ! Des forçats construisent dans une région désertique une partie de la fameuse Grande muraille de Russie. C’est le moment du repas. Vision digne du Goulag. Les hommes réduits en esclavage pour satisfaire la volonté du pouvoir qui leur rend visite en hélicoptère au moment du déjeuner…

    Dans ce recueil de Vladimir Sorokine, quinze tableaux représentant des scènes de la vie quotidienne à différents niveaux de pouvoir se succèdent. Ils présentent chacun un des aspects de la Russie de 2028, sans aucun rapport les uns avec les autres, sauf qu’ils baignent dans une même ambiance, un climat de paranoïa. Le seul lien entre les différentes histoires est, en fait, le « Kremlin en sucre », un cadeau éphémère soluble dans le thé, le symbole du nouvel état russe.

    En quinze nouvelles donc, Sorokine dresse le portrait d'une Russie aussi futuriste que rétrograde. Un pays asservi où la technologie la plus évoluée n'existe que pour contribuer à assoir le pouvoir en place, tandis que la corruption et la répression continue de faire rage. Un mélange paradoxal d’archaïsme et de science-fiction. Sous le vernis des images numériques, des téléphones hologrammes, des pelisses vivantes, des robots ou bien encore de la cocaïne distribuée librement au peuple, la réalité est oblitérée par une propagande bien rodée. Les Russes courbent l'échine, tandis qu'une oligarchie brutale, représentée par un souverain adulé et paradoxalement invisible, pompe toutes les richesses du pays et punit toute opposition idéologique ou politique.