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Conseillé par Elizabeth P.17 juin 2021
Un livre que je ne voulais pas lire.
Pas envie de tomber dans le voyeurisme.
Je l'ai pris plusieurs fois en mains puis reposé.
Et puis, il y a quelques temps, j'ai lu « Et soudain la liberté » où Evelyne Pisier raconte sa vie, son enfance et son adolescence.
Une femme que j'ai admirée, en la lisant, pour son indépendance, son intelligence.
Je l'ai trouvée vraiment sympathique.
Et j'ai eu envie de comprendre où ça avait dérapé.Le récit de Camille Kouchner dédie les cinquante premières pages à sa mère, confirmant l'impression que j'avais ressentie.
C'était une femme hors du commun.
Une mère fantasque, intelligente, drôle, libertaire.
La familia grande, c'est toute une cohorte d'amis qui se joignent à la famille notamment chaque été à Sanary, chez les Duhamel.
Tout un petit monde libéral où permissivité, libertinage, absence de limites font loi.
Pour Camille, une belle enfance de liberté, de complicité avec sa mère.
Jusqu'au jour où son frère lui parle des attouchement de leur beau-père qu'ils adorent.
Il lui demande cependant de se taire, et ce silence va la détruire.
Quand bien plus tard, adulte et mère à son tour, pour se libérer de son silence et de sa culpabilité, elle se décide à en parler à Evelyne Pisier,
la réaction n'est pas ce qu'elle attendait.
Et de ce jour, en plus du poids qui continue à la miner, le manque de sa mère alourdit le fardeau.
Elle écrit alors ce livre.Il pose deux questions essentielles
Celle de l'éducation d'abord
Deux extrêmes à éviter où il est difficile à un enfant de devenir une adulte équilibré.
L'éducation rigide, stricte, interdisant, ordonnant, castratrice
Et l'éducation trop permissive, où rien n'est tabou, où les règles deviennent floues
Et puis la question de cette génération de post-soixante-huitards qui eux aussi ont perdu leurs repères, ont jeté aux orties la
morale d'antan, ont fait tout et n'importe quoi sans barrières, sans limites.
Des déviances qu'on s'autorise, plus faciles encore à cacher dans un milieu intellectuel et fortuné où la notoriété est un aval.Ce livre que je ne m'attendais pas à trouver si touchant.
Camille Kouchner raconte avec amour, avec délicatesse, avec justesse, avec toute sa souffrance enfouie depuis si longtemps.
Tout transparaît dans son écriture.
Elle réussit pourtant à faire la part des choses.
Elle m'apparaît comme une petite fille de 45 ans brisée.
Je souhaite vraiment que ce livre lui permette de se réparer, de se retrouver. -
Conseillé par Jean T. (Libraire)15 mars 2021
Comme j’entends souvent dire "Ah non, pas ce livre ! C’est encore un livre sur l’inceste". Je précise : ce récit est l’histoire des ravages d’un inceste qui a été longtemps tu dans une grande famille, une tribu.
Avec leur mère et leur tante fort singulières, les enfants Kouchner ont eu une très belle enfance, ont vécu un bonheur en apparence parfait. Sa mère, Évelyne Pisier, une historienne, a été parmi les premières femmes agrégées en sciences politiques et une féministe éprise de liberté. Son père, trop absent, est Bernard Kouchner, l’ancien ministre qui a fondé Médecins sans frontières. Au début des années 1980, sa mère divorce quand Camille a six ans, et un beau-père entre dans sa vie. Un homme chaleureux qui s’en occupe avec soin, "Mon beau-père m’emmenait avec lui chez ses amis et me présentait comme sa fille. Il m’encourageait pour tout. Il me portait, me rassurait, me donnait confiance." L’homme possède une belle propriété à Sanary où chaque été, il rassemble la famille et de nombreux amis pour des vacances en toute liberté, des débats sans fin, de la culture pour tous. On est dans les années 1980, il faut se le rappeler, une autre époque que celle-ci.
Cet homme commet l’inceste sur le frère de Camille, qui n’en parle que bien plus tard. Tout le monde savait mais personne n’a parlé. Le silence des uns s’est affronté à la volonté de Camille de parler de cet acte, de cette agression qui a brisé la vie de plusieurs personnes, divisé la tribu, éloigné des amis.
C’est donc un livre, très bien écrit, sur les ravages de l’inceste. Ce récit cathartique qui brise la loi du silence a été écrit par une femme courageuse qui ne cache ni les moments d’immense bonheur qu’elle a vécu, ni ce qui était douloureusement caché : l’emprise psychologique, les agressions sexuelles l’inattention des adultes face à des indicateurs de l’inceste. -
Conseillé par Anne-Sophie B. (Libraire)6 mars 2021
POIGNANT
Au-delà de la dénonciation de l'inceste et de la mécanique du silence, Camille KOUCHNER écrit l'amour incommensurable et la douleur indicible d'une fille, d'une soeur, d'une femme.
Toujours avec pudeur, dignité et courage.
Un livre véritablement poignant.
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Conseillé par Betty D. (Libraire)17 février 2021
Silences
Un récit d'une grande maîtrise narrative, d'un courage inouï pour libérer une parole longtemps enfouie et tue, chaque fois mesurée, murée et menacée. C'est la force d'un livre et du verbe qui ont l'effet d'une bombe à multiples fragmentations une fois la cible atteinte. C'est la révélation unique et sincère d'un secret, d'une peine indicible, d'une partie de vie volée, d'une vie sous emprise. Ce livre est essentiel parce qu'il met des mots humbles et sincères sur une douleur et des silences destructeurs.
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Conseillé par Emmanuelle D. (Libraire)13 janvier 2021
un livre choc
C'est l'histoire d'une belle et grande famille. Intellectuels, libres penseurs, soixante huitards dans une époque où il est interdit d'interdire. Camille Kouchner raconte son enfance partagée entre les vacances à Sanary chez sa mère Evelyne ou la fête est permanente, on rit, on débat, on s'aime et la famille de son père Bernard, trop occupé à sauver le monde pour s'occuper des siens. C'est le portrait d'une famille idéale. Jusqu'au jour ou l'intolérable se produit et le vernis s'écaille. La parole se libère et les tensions se créent au sein de la Familia grande. Un livre essentiel, coup de poing dont on ressort chamboulé.
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Conseillé par Magali S. (Libraire)13 janvier 2021
Bouleversant
Dans ce témoignage poignant bien loin des tabloïds, Camille Kouchner nous livre avec pudeur, douleur et justesse l'histoire de sa famille, cette incroyable famille faite de contradictions, dans laquelle il n'est pas toujours facile de grandir et de trouver sa place parmi tous ces libres-penseurs qui s'affranchissent bruyamment des conventions sociales.
C'est aussi une histoire d'amour déchirante, car Camille aimait sa mère d'un amour sans limite mais aussi sans retour. Evelyne Pisier, modèle d'émancipation et grande figure du féminisme, nous apparaît tout d'un coup dans une lumière crue teintée d'amertume et de déception. La désillusion est totale.
Et puis le drame, l'impensable, l'innommable surgit sous les traits du beau-père tant aimé. Camille va garder le silence pour protéger son frère, victime de l'inceste, mais aussi pour protéger son beau-père, qu'elle aimait comme un père, comme un roi. Un silence qui va la briser à petit feu de l'intérieur. Elle ne vivra sa vie qu'a moitié, qu'à côté, et finit par comprendre que la délivrance, autant pour elle que pour son frère ne viendra qu'avec la parole libérée.
Il est impossible de rester de marbre face à tant de douleur et de courage.